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L’immunité au c?ur de la recherche au CIRI

? L'Oréal-UNESCO Pour les femmes et la science

Comment notre réponse immunitaire se met en place et demeure-t-elle efficace dans le temps ? C’est l’une des questions clés de la recherche en immunologie à laquelle s’intéressent des chercheurs du Centre international de recherche en infectiologie.

La réponse immunitaire, une spécialité au CIRI

Pour qu’une réponse immunitaire se mette en place correctement, les différents acteurs de l'immunité doivent réagir rapidement et fortement. L’un de ceux auquel les chercheurs ont porté une attention particulière est l’interféron de type I. La production d’interféron de type I par les cellules dendritiques, qui intervient dans les premières heures suivant une contamination est cruciale. Très rapidement, la recherche s’est concentrée sur la recherche d’éventuels défauts dans cette réponse interféron. Une approche déjà effectuée lors de l’arrivée du Sars-Cov1 en France.

Au CIRI, l’équipe de Marlène Dreux est spécialisée dans l’étude des cellules dendritiques plasmacyto?des pour comprendre comment elles détectent un virus et produisent en réponse des interférons. Celles d’Alexandre Belot (PUPH Lyon 1) et Thierry Walzer (DR Inserm) étudient par ailleurs le r?le pathologique des interférons. Dès le mois de mars, ils s’associent avec Sophie Trouillet-Assant aux Hospices civils de Lyon pour créer un consortium d’étude sur la réponse interféron au SARS-Cov2.

Immunité CIRI - Covid19
Immunité CIRI - Covid19

SARS-CoV-2 accrochés au niveau des cils de cellule épithéliale respiratoire humaine en modèle physiologique d’épithélium respiratoire humain reconstitué et cultivé en interface air/liquide. C’est l’une des toutes premières images du virus SARS-CoV-2 isolé de patients, obtenue par microscopie électronique à transmission sur la plateforme d’imagerie CIQLE. (CIRI/VirPath/SFR santé Lyon-Est).
 

Un effort collectif

Cet effort collectif inédit au sein du CIRI, en collaboration avec les Hospices civils de Lyon a ensuite été suivi de la constitution durant la première vague d’une cohorte de professionnels de santé déjà infectés par la Covid-19.

Dès le mois de mai, les chercheurs apportent de premiers éléments de réponses. Les formes graves chez les malades seraient dues à un défaut de la réponse interféron. Ce résultat inattendu débouche sur une collaboration du CIRI avec l’Institut Imagine à Paris, au sein d’un groupe de recherche international. Les chercheurs identifient un certain nombre de mutations/variations dans des gènes connus pour être importants dans le déclenchement de la réponse interférons.

Quel que soit leur ?ge, ils démontrent que les personnes porteuses de certaines mutations identifiées sont plus à risque de développer une forme potentiellement mortelle de grippe ou de Covid-19 Par ailleurs, ils observent chez certains malades des auto-anticorps - déjà découverts dans d’autres pathologies - capables de neutraliser l’interféron in vitro dans le sang. Ces défauts de la réponse interférons pourraient expliquer jusqu’à 15 % des formes graves.
 

La mémoire immunitaire

Depuis le début de la seconde vague, les équipes du CIRI dirigée par Jacqueline Marvel, Thierry Defrance, Frran?ois Lo?c Cosset, Thierry Walzer ainsi que de Sylvie Trouillet-Assant se focalisent également sur la mémoire immunitaire.

Cette capacité immunitaire de l’organisme à réagir plus rapidement et de manière plus efficace contre un antigène déjà rencontré constitue un élément crucial dans la mise au point d’un vaccin efficace. Quels sont les différents paramètres de la réponse immunitaire mémoire face à SARS-Cov-2, et quelle est leur durabilité chez les malades ? Pour répondre le consortium de recherche s’appuie sur la même cohorte de malades constituée en mars 2020. L’objectif est d’analyser les mêmes paramètres de la réponse immunitaire six mois après l’infection pour les comparer ensuite à la première analyse réalisée en mars 2020. 

L’attention des chercheurs se porte notamment sur les anticorps neutralisants, un élément essentiel pour éliminer les agents infectieux. Récemment, des travaux de l’équipe de Fran?ois-Lo?c Cosset ont établi une corrélation entre la sévérité de la maladie et la quantité d’anticorps neutralisant. Une grande majorité de la recherche sur les vaccins repose sur ces anticorps neutralisants pour déclencher une réponse immunitaire. Or, les chercheurs s’interrogent actuellement sur la persistance de ces anticorps neutralisant dans le temps. En particulier chez les malades ayant développé une forme légère ou asymptomatique.

A l’heure où la campagne de vaccination se poursuit, ces recherches demeurent donc essentielles pour déboucher sur solutions efficaces à long terme face à la Covid-19.


Publié le 8 mars 2021 Mis à jour le 29 juillet 2021